Potemkine
Jean Ferrat 1965

Le 27 juin 1905 sur la mer Noire, à bord du Potemkine, un marin est tué par un officier pour s'être plaint d’avoir trouvé des vers dans la viande. Aussitôt, l'équipage du principal cuirassé de la flotte de guerre russe se soulève. Huit officiers rejoignent les mutins, le commandant et plusieurs autres officiers sont tués. Les marins du Potemkine s'emparent du navire et hissent le drapeau rouge. Deux autres navires se joignent à la sédition. Le surlendemain, l'insurrection s'étend au port d'Odessa et à d'autres ports de l'Empire. Mais la répression fera plusieurs centaines de morts. Les révoltés finiront par obtenir l'asile politique en Roumanie, dans le port de Constantza.

M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Qui chante au fond de moi au bruit de l'océan
M'en voudrez-vous beaucoup si la révolte gronde
Dans ce nom que je dis au vent des quatre vents

Ma mémoire chante en sourdine : Potemkine

Ils étaient des marins durs à la discipline
Ils étaient des marins, ils étaient des guerriers
Et le cœur d'un marin au grand vent se burine
Ils étaient des marins sur un grand cuirassé

Sur les flots je t'imagine : Potemkine

M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Où celui qui a faim va être fusillé
Le crime se prépare et la mer est profonde
Que face aux révoltés montent les fusiliers

C'est mon frère qu'on assassine : Potemkine

Mon frère, mon ami, mon fils, mon camarade
Tu ne tireras pas sur qui souffre et se plaint
Mon frère, mon ami, je te fais notre alcade
Marin ne tire pas sur un autre marin

Ils tournèrent leurs carabines : Potemkine

M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Où l'on punit ainsi qui veut donner la mort
M'en voudrez-vous beaucoup si je vous dis un monde
Où l'on n'est pas toujours du côté du plus fort

Ce soir j'aime la marine : Potemkine