Ouvrier prends la machine |
Ouvrier, la faim te tord les entrailles Et te fait le regard creux, Toi qui, sans repos ni trêve, travailles Pour le ventre des heureux. Ta femme séchine, et tes enfants maigres Sont des vieillards à douze ans ; Ton sort est plus dur que celui des nègres Sous les fouets abrutissants. Refrain : Nègre de lusine, Forçat de la mine, Ilote du champ, Lève-toi peuple puissant ; Ouvrier, prends la machine ! Prends la terre, paysan ! Ouvrier, prends la machine ! Prends la terre, paysan ! Paysan, le sol que ton bras laboure Rend son fruit dans sa saison, Et cest lopulent bourgeois qui savoure Le plus clair de ta moisson. Toi, du jour de lan à la Saint Sylvestre, Tu peines pour engraisser La classe qui tient sous son lourd séquestre Ton cerveau fait pour penser. Refrain Mineur, qui descends dès laube sous terre, Et dont les jours sont des nuits, Qui, le fer en main, dans lair délétère, Rampes au fond de ton puits, Les riches trésors que ton pic arrache Aux flancs des rocs tourmentés Vont bercer là-haut loisif et le lâche Dans toutes les voluptés. Refrain Qui forge loutil ? Qui taille la pierre ? Qui fil et tisse le lin ? Qui pétrit le pain ? Qui brasse la bière ? Qui presse lhuile et le vin ? Et qui donc dispose, abuse et trafique De luvre et du créateur ? Et qui donc se fait un sort magnifique Aux dépens du producteur ? Refrain Quon donne le sol à qui le cultive, Le navire au matelot, Au mécanicien la locomotive, Au fondeur le cubilot, Et chacun aura ses franches coudées. Son droit et sa liberté, Son lot de savoir, sa part aux idées, Sa complète humanité ! Refrain |