Ma grand-mère
Paroles : Pierre de Béranger Sur l'air de : En revenant de Bâle en Suisse 19 e siècle

Ma grand-mère, un soir de sa fête,
De vin ayant bu deux doigts,
Nous disais en branlant la tête :
" Que d’amoureux j’eus autrefois !

Refrain
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite
Et le temps perdu !
Combien je regrette
Mon bras si dodu,
Ma jambe bien faite
Et le temps perdu !

- Quoi ! Maman, vous n’étiez pas sage ?
- Non vraiment, et de mes appas,
Seule à quinze ans, j’ai appris l’usage,
Car la nuit je ne dormais pas.

- Maman, vous aviez le cœur tendre ?
- Oui, si tendre qu’à dix-sept ans
Lindor ne se fit pas attendre,
Et qu’il n’attendit pas longtemps.

- Maman, Lindor savait donc plaire ?
- Oui, seul, il me plut quatre mois ;
Mais bientôt j’estimai Valère
Et fis deux heureux à la fois.

- Quoi ! maman, deux amants ensemble !
- Oui, mais chacun d’eux me trompa.
Plus fine alors qu’il ne vous semble,
J’épousai votre grand-papa.

- Maman, que lui dit la famille ?
- Rien , mais un mari plus sensé
Eût pu connaître à la coquille
Que l’œuf était déjà cassé.

- Maman, lui fûtes-vous fidèle ?
- Oh, sur cela je me tais bien.
A moins qu’à Dieu ne m’appelle,
Mon confesseur n’en saura rien.

- Bien tard, Maman, vous fûtes veuve…
- Oui, mais grâce à ma gaieté,
Si l’église n’était plus neuve,
Le saint n’en fut pas moins fêté.

- Comme vous, Maman, faut-il faire ?
- Eh, mes petits-enfants, pourquoi,
Quand j’ai fait comme ma grand-mère,
Ne feriez-vous pas comme moi ? "