Filles d'ouvriers |
Pâle ou vermeille, brune ou blonde, Bébé mignon, Dans les larmes ça vient au monde : Chair à guignon ! Ebouriffée, suçant son pouce, Jamais lavée, Comme un vrai champignon ça pousse : Chair à pavé ! A quinze ça rentre à lusine, Sans éventail. Du matin au soir ça turbine : Chair à travail ! Fleur des fortifs ça sétiole, Quand cest girond, Dans un guet-apens ça se viole : Chair à patrons ! Jusque dans la moelle pourrie, Rien sous la dent ; Alors ça rentre en brasserie : Chair à clients ! Ça tombe encore, de chute en chute, Honteuse un soir, Pour un franc ça fait la culbute : Chair à trottoir ! Ça vieilli et plus bas ça glisse, Un beau matin, Ça va sinscrire à la police : Chair à roussins ! Ou bien sans carte ça travaille Dans sa maison, Alors ça se fout sur la paille : Chair à prison ! Dun mal souffrant le supplice Vieux et tremblant, Ça va geindre dans un hospice : Chair à savants ! Enfin, ayant vidé la coupe, Bu tout le fiel, Quand cest crevé ça se découpe : Chair à scalpel ! Patrons, tas dHéliogabales ! Deffroi saisis, Quand vous tomberez sous nos balles, Chair à fusils ! Pour que chaque chien, sur vos trognes, Pisse à lécart, Nous laisserons sur vos charognes : Chair à Macquart ! |